Cette démarche vise dix pharmaciens propriétaires de six pharmacies, ainsi que trois gestionnaires de programmes de soutien aux patients et trois cliniques de perfusion.
L'AQPP soutient que ces acteurs menacent le réseau des pharmacies en accaparant 40 % de la distribution des médicaments spécialisés, contrevenant ainsi à la loi et au droit des patients de choisir librement leur pharmacie, explique Benoit Morin, président de l'association.
Selon l'AQPP, ces pharmaciens ont établi un système opaque pour attirer des patients nécessitant des médicaments spécialisés, en collaboration avec des gestionnaires de programmes de soutien aux patients (PSP) et des cliniques de perfusion.
Ces PSP, financés par l'industrie pharmaceutique, fournissent un accompagnement en dehors du réseau public de santé, dirigeant les patients vers certaines pharmacies spécifiques, fragmentant leurs dossiers médicaux et compliquant leur suivi.
Benoit Morin souligne que ces pratiques exercent une pression sur des patients vulnérables, souvent en insinuant que leur pharmacien local manque d'expertise.
En outre, ces établissements sont souvent éloignés des patients, les obligeant à parcourir de longues distances. Par exemple, des patients du Saguenay doivent se rendre à Montréal pour leurs médicaments.
Certains pharmaciens visés ont déjà été sanctionnés par leur ordre professionnel pour des pratiques similaires via les PSP. Parmi eux, Martin Gilbert, Daniel Vermette, Marc Chabot et Jérôme Bergeron. Michael Assaraf a été radié pour un an en 2020 pour avoir signé des ordonnances sans vérification.
Des entreprises comme Innomar Strategies, Bayshore, Bioscript et Coverdale Infusion, gestionnaires de PSP et cliniques de perfusion, sont également concernées.
Gabriel Torani, propriétaire des pharmacies Torani et Haddad, conteste les accusations de l'AQPP, affirmant qu'elles sont motivées par des intérêts financiers.
Le Regroupement des pharmacies de médicaments de spécialité du Québec (RPMSQ) partage cette opinion, estimant que le recours vise plus à protéger un modèle d'affaires qu'à défendre les patients.
Les médicaments de spécialité, utilisés pour des maladies graves, concernent environ 80 000 patients au Québec. Benoit Morin insiste sur la nécessité d'empêcher quelques pharmacies de monopoliser ce marché, évalué à près de 1,5 milliard de dollars par an. Les six pharmacies visées, représentant moins de 0,5 % des pharmacies québécoises, contrôlent plus de 40 % de la distribution de ces médicaments.
L'AQPP a déposé plus de 40 plaintes auprès de la Régie de l'assurance maladie du Québec et informé le ministre de la Santé, sans changement notable. L'Ordre des pharmaciens du Québec partage ces préoccupations, mais ne commente pas l'affaire pour ne pas interférer avec le processus judiciaire en cours.
Source: Radio-Canada
Dix pharmaciens visés par une demande d'action collective
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